Publié le :
28/09/2023 14:20:25
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Quelle est la définition d’un vin bio ? Comment est-il produit et qu’est-ce qui fait sa différence avec les autres types de vin existants ? Je vous propose ce petit guide complet afin de vous aider à mieux comprendre ce qui fait la spécificité (et l’intérêt) du vin biologique, élaboré avec soin par de nombreux vigneron·nes engagé·es. N’hésitez pas à mentionner en commentaire les meilleures bouteilles bio que vous avez eu l’occasion de déguster !
Au regard de l’histoire du vin, la viticulture biologique est un mouvement récent. Il est né en réaction à l’intensification de l’usage des produits chimiques de synthèse dans l’agriculture. Cela a commencé avec des théoriciens comme Justus Von Liebig qui, dès le 19e siècle, évoquaient déjà les dangers possibles de l’utilisation massive d’engrais. C’est toutefois dans la période de l’entre-deux guerres mondiales que le mouvement se structure, notamment :
En France, c’est sous l’impulsion de sociétés comme Lemaire-Boucher ou encore de Nature & Progrès, dans les années 1960, que le mouvement AB (Agriculture biologique) se développe. Ces entités font également des émules chez les premiers agriculteurs bio des provinces du Hainaut et de Namur à la fin des années 1960.
Suite à la création des labels AB (France, 1985) et Biogarantie (Belgique, 1987), l’Europe adopte à son tour son label AB en 1991, avec des aides à la conversion proposées dans la réforme de la PAC de 1992. Notez qu’aux États-Unis, l’Oregon et la Californie adoptent des mesures dès 1974 et 1979, respectivement.
En 2012, de nouvelles règles sont entrées en vigueur au niveau européen. Auparavant, les vins bio étaient dit issus de raisins biologiques, sans prendre en compte le travail en cave, ce qui est désormais le cas.
Au 21e siècle, le vin biologique a gagné en acceptation et en popularité. La demande croissante de consommablesdurables et éthiques a conduit à une augmentation significative de la production et de la consommation de cuvéesbio. De nombreux vignerons intègrent désormais des pratiques biologiques, biodynamiques ou naturelles dans leurs process, contribuant ainsi à un mouvement mondial en faveur de méthodes plus respectueuses de la terre et de l'environnement.
L’OIV estime à environ 6,2 % la part des vignobles cultivés en bio dans le monde (chiffres de 2019). Cela représente 454 000 hectares de vigne sur 7,5 millions d’hectares, raisins de table et raisins de cuve confondus.
L’Espagne, l’Italie et la France représentent à elles-trois les 3/4 des surfaces de vignes bio et de production de vin bio dans le monde.
Il existe encore des disparités au niveau mondial sur ce qui est considéré comme bio. Mais devenir vigneron·ne bio,ce n'est pas qu'apposer un logo sur une étiquette. C’’est aussi changer d'état d'esprit, de vision du métier et de pratiques, pour le bien de la planète et des consommateurs. On peut tenter d’énumérer les objectifs qui font le fondement de la viti-viniculture biologique :
Dans la pratique, cela s’illustre ainsi :
Il est important de distinguer le vin bio, issu de l’agriculture biologique, des autres vins dits « verts », car il n'est qu'une partie de l'écosystème des vins écologiquement responsables. À côté de lui se trouvent le vin biodynamique, qui intègre une philosophie plus holistique en suivant un calendrier agricole lunaire, et le vin naturel, qui met l'accent sur une vinification minimaliste et des niveaux de soufre très bas.
Le vin bio est bien plus qu'un simple vin fabriqué sans pesticides ou engrais synthétiques. Ce produit respecte les principes de l'agriculture biologique tout au long de sa chaîne d’élaboration, de la viticulture à la vinification.
Le terme de vin biologique est officiellement reconnu depuis le 1er août 2012 par le règlement européen CE 203/2012. Les autorités européennes se sont entendues pour définir ce qu'est un vin bio, en établissant un cahier des charges pour la direction des vignes et la vinification. Il remplace ainsi les règles de 1991 (seulement la viticulture) et le règlement 889/2008 (limité à la vinification) pour englober tous les aspects de la production de vin.
Les consommateurs qui achètent du vin bio en Europe sont donc protégés par des règles communautaires qui s’appliquent aux vins élaborés dans et en dehors de l’UE.
Pour s’y retrouver, les consommateurs peuvent s’appuyer sur les mentions affichées sur les étiquettes de bouteilles. On retrouve notamment les labels :
D’autres certifications existent par pays comme :
L’élaboration d’un vin bio commence par la récolte de raisins cultivés dans le respect des règles de l’agriculture biologique :
Une fois la vendange arrivée au chai, le vigneron doit aussi s’assurer d’observer des pratiques vinicoles en cohérence avec le cahier des charges de la certification visée, notamment l’utilisation exclusive des additifs et auxiliaires vinicoles autorisées dans l’annexe V partie D du règlement 2021/1165. La liste officielle étant assez difficile à comprendre, voici un PDF qui résume très bien les produits utilisables en vinification, et ceux qui ne le sont pas. Voici un bref résumé :
Notez que contrairement à la transformation des matières premières agricoles bio, qui autorise 5 % de matières non bio dans le processus, les produits viti-vinicoles doivent être bio à 100 % (raisins, sucre, alcool, moût concentré…).
Sachez aussi que de nombreux contrôles sont réalisés dans les exploitations de façon à garantir le respect de la réglementation européenne en matière d’agriculture biologique.
Certains vignerons en Europe, mais aussi du Nouveau Monde, poussent la démarche encore plus loin que la simple production de vin bio, jusqu’à atteindre un niveau de réflexion globale de l’exploitation. Ils entendent ainsi aller plus loin que le simple greenwashing de façade. Dans une démarche plus durable de réduire leur empreinte écologique, ils n’hésitent pas à :
En Belgique comme en France, une période de 3 ans est nécessaire pour réaliser la conversion de l’exploitation. Ce délai de 3 ans a été estimé suffisant pour s’assurer que tous les résidus de pesticides, herbicides et autres produits synthétiques utilisés dans l'agriculture conventionnelle soient éliminés du sol, de l'eau et des autres composantes environnementales de l'exploitation.
Dans cet intervalle, les producteurs peuvent mentionner « En conversion vers l’agriculture biologique » sur leurs bouteilles.
Il s’agit là d’une question de perception très personnelle que j’ai déjà abordée dans l’un de mes articles : nos aprioris sur les vins trompent nos sens. Et il est vite facile d’associer les termes « alternatif » et « hippie » derrière « biologique » et « nature ». Bref, on peut trouver pas mal de bêtises qui visent à tromper les lecteurs et lectrices sur le sujet.
« Un vin bio n’est pas meilleur ou moins bon qu’un vin conventionnel. »
Bien réalisés, ils peuvent tous deux présenter un côté terroir marqué, offrir un bel équilibre et créer de superbesémotions. La cuvée bio raconte simplement une certaine vision de ce que peut être la viticulture. Choisir d’acheter des vins bio revient donc surtout à voter pour cette vision qui soutient que la production viticole doit être durable et responsable.
Il est possible qu’un vin biologique :
Mais je dirais que ces petites spécificités gustatives concernent surtout les vins nature, beaucoup plus fragiles en raison de l’absence de sulfites ajoutés, ou le vin en biodynamie.
Il n’y a aucun doute sur le fait que le vin bio a su trouver sa place sur le marché, et que les ventes sont toujours en augmentation. Vous êtes nombreux à chercher du vin plus naturel, même si les prix sont parfois un frein. Sachez toutefois que ce n’est pas toujours le cas.
J’avais déjà eu l’occasion d’expliquer ce qui faisait les différences au niveau du prix des vins. La production de vin bio demandant davantage d’interventions sous certaines latitudes avec des climats complexes. Les rendements sont aussi généralement inférieurs, et il faut compenser. Il peut donc résulter des surcoûts, mais ce n’est pas systématique le cas !
Les vins espagnols que je vends en sont un excellent exemple, puisqu’ils sont généralement moins chers que la plupart des vins conventionnels produits ailleurs.
Au-delà du prix, rappelez-vous que l’achat d’un vin bio en ligne ou en magasin est avant tout une affaire de conviction : meilleure rémunération du producteur, avantages pour la santé, impact environnemental positif…
Les mentions sur l’étiquette doivent vous aider à identifier les vins biologiques lors de l’achat. Celles qui sont obligatoires sont les suivantes :
De part leur modèle de sélection en grand volume, les super et hypermarchés ne sont pas le meilleur endroit pour acheter des vins bio. Vous manquerez aussi des conseils personnalisés nécessaires pour être sûr·e de faire le bon choix.
Si je vous invite bien sûr avant tout à découvrir ma sélection de vins biologiques du monde (vins blancs, vins rouges, vins rosés, vins effervescents), je vous recommande sinon de vous rendre chez un caviste, dans une épicerie spécialisée, dans une foire à la rencontre des vigneron·nes ou bien sûr directement au domaine.
Et vous, y a-t-il un vin rouge / blanc / rosé ou des producteurs bio qui vous ont particulièrement marqué ? N’hésitez pas à m’en faire part en commentaire !