Publié le :
01/09/2022 11:22:52
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General
En septembre 2021, la première édition du guide des vins belges sortait en librairie. Une preuve indéniable du succès de la viticulture en Belgique après son redémarrage en 1965 et son accélération à partir des années 2000. On y trouve des cépages originaux qui font la spécificité de notre vignoble, une force qui peut toutefois se transformer en handicap dès qu’il s’agit d’exporter nos vins dont le goût n’est pas connu ailleurs.
Le réchauffement climatique pourrait-il changer la donne ?
On ne peut évidemment pas se réjouir de la hausse des températures ni des épisodes de sécheresse qui causent de graves dégâts au niveau des vignes dans le sud de l’Europe. Ni du débourrement précoce (la sortie des bourgeons) qui, au lieu d’arriver à la mi-avril, a lieu dès mars. Les bourgeons non protégés subissent alors de plein fouet les périodes de gel.
Mais force est de constater que la viticulture belge profite de l’augmentation moyenne des températures (+1,9°C depuis 1890, en hausse depuis les années 1980), comme son voisin le Luxembourg.
Le climat actuel correspond aujourd’hui globalement à celui de la Champagne, et nos terroirs sont similaires (forte présence de craie). Ce qui peut d’ailleurs expliquer la forte proportion de vins effervescents dans notre production : plus de 40% des vins embouteillés chaque année.
Résultat : la Belgique produit aujourd’hui des vins effervescents parmi les meilleurs du monde (rappelons-nous du succès du Chant d’Éole en 2019 avec son blanc de blanc 2014).
Le seul réchauffement climatique n’explique pas tout. Le savoir-faire des vignerons belges est aussi en nette augmentation, tout comme leur audace à tester de nouvelles choses. Et le développement de cépages locaux, bien adaptés à nos terroirs selon l’indice héliothermique de Huglin, rend le vignoble belge assez unique au monde.
La Belgique peut s’enorgueillir de recenser plus de 85 cépages plantés sur son sol. Une richesse qui, si l’on compare à la surface du vignoble de France et ses plus de 200 cépages autorisés, est tout à fait honorable. La liste suivante énumère les cépages les plus plantés par ordre d’importance :
(Source : Service public fédéral Economie, P.M.E., Classes moyennes et Energie)
Vous remarquez l’importante présence de cépages dits résistants parmi les variétés internationales. Nous pouvons nous féliciter de cette originalité qui tranche avec de nombreux autres pays et qui fait la force des vins belges. Mais pour moi, il s’agit aussi d’une faiblesse au niveau de l’export. Les consommateurs étrangers ne connaissant pas ces cépages, ni leur goût.
Ils leur est donc moins facile d’oser les découvrir.
C’est du côté de la Flandre que l’on trouve la plus grande proportion de cépages dits internationaux dans la production globale. C’est d’ailleurs la dégustation des vins du domaine viticole Wijnkasteel Vandeurzen près de Louvain qui m’a inspiré cet article.
J’ai été particulièrement marqué par les cuvées issues des cépages Albarino (Alvarinho) et Tempranillo, variétés originaires respectivement du Portugal et d’Espagne. Une surprise car je ne m’attendais pas à retrouver de tels arômes sous nos latitudes, et ce que j’ai goûté été beau et très bien maîtrisé.
Pour moi, il s’agit d’un domaine qui a compris le subtil équilibre à avoir en ces temps incertains de réchauffement climatique :
En réussissant à se faire connaître dans d’autres pays avec des cépages internationaux et des cuvées plus familières pour des palais étrangers, les vignerons belges arriveraient ensuite à faire découvrir leurs cépages plus authentiques.
Avec des raisins dont les degrés d’alcool et l’acidité restent raisonnables à maturité, et avec des vignerons dont les compétences n’ont rien à envier aux voisins, nos vins pourraient devenir de sérieux compétiteurs.
Le développement de la vigne en Belgique devrait mécaniquement amener une baisse des prix des cuvées qui pourrait aider à trouver de nouveaux débouchés à l’international. Et des cépages « connus » et bien travaillés pourraient certainement plus facilement se vendre, pour ensuite faire connaître nos cépages typiques.
En attendant de voir quelles stratégies nos viticulteurs nationaux vont adopter à l’avenir, je vous propose déjà de découvrir les vins qu’ils produisent aujourd’hui. Les goûter et apprendre à en parler, c’est déjà pour moi la meilleure manière d’être leur ambassadeur.