Publié le :
19/01/2024 17:42:29
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General
Le vin conventionnel et le vin raisonné : 2 termes souvent entendus, mais rarement expliqués. Il concernent pourtant la majeure partie des vins actuellement produits dans le monde. Mon dossier sur les différents types de vins ne saurait être complet sans prendre le temps d’expliquer les contours de la viticulture conventionnelle et/ou raisonnée, et les nombreux défis qui y sont liés.
La viticulture conventionnelle, souvent simplement appelée « viticulture », est la méthode de culture de la vigne la plus répandue dans le monde du vin. Elle repose sur des pratiques établies et éprouvées pour optimiser la quantité et la qualité de la production. Cela inclut, dans les grandes lignes :
Dans la viticulture conventionnelle, l'accent est mis sur la régularité et la prévisibilité du produit final. Les vignerons conventionnels utilisent des technologies modernes et des techniques scientifiques pour assurer une production efficace et contrôlée. Cela peut inclure l'irrigation contrôlée, la taille mécanique et la récolte à la machine, ainsi que l'utilisation de levures sélectionnées pour la fermentation.
Cependant, il est important de noter que « conventionnel » ne signifie pas nécessairement « qualité inférieure ». De très nombreux vins conventionnels sont reconnus pour leur excellence. La différence réside principalement dans les méthodes de production, qui visent à maximiser l'efficacité et la constance du produit.
On pourrait aisément penser que la viticulture conventionnelle est la plus ancienne méthode de faire du vin. En réalité, ce type d’agriculture est beaucoup plus récent que le mouvement pour le vin biologique ou le vin biodynamique, sans parler du vin naturel qui finalement la plus ancienne forme de production. Il se réfère au modèle productiviste et scientifique d’après-guerre, qui visait à assurer la production et l’alimentation de la population. C’est l’essor de la chimie et l’explosion des rendements. La protection de l’environnement n’est pas encore un sujet, et le sol est encore considéré comme un simple support.
On souhaite produire plus, mieux, et de manière plus régulière. Tout simplement. Ce qui a bien évidemment mené à des abus, mais aussi à des prises de conscience, et à la volonté de produire plus proprement. Ce qui nous amène à la viticulture raisonnée.
La viticulture raisonnée est une approche de culture de la vigne qui a pris de l'ampleur depuis les années 1990, notamment en réaction au développement de maladies résistantes. Contrairement à la méthode conventionnelle, cette démarche tend à éviter l'utilisation systématique des produits phytosanitaires et autres intrants. Elle les emploie uniquement lorsque c'est nécessaire, en tenant compte de l'état sanitaire de la vigne et des raisins. Cette approche a permis une réduction significative de l'utilisation des produits des synthèse.
La viticulture raisonnée inclut également la lutte raisonnée, définie par l'Organisation Internationale de Lutte Biologique et Intégrée (OILB). Cette approche consiste en des interventions précises, basées sur l'observation et l'évaluation des risques réels pour chaque parcelle. Elle privilégie l'utilisation de pesticides à moindre impact écologique, en respectant des seuils d'intervention et en préservant les ennemis naturels des ravageurs.
La viticulture raisonnée naît officiellement en France avec le décret n° 2002-631 du 25 avril 2002, qui met l'accent sur des pratiques agricoles qui visent à minimiser les impacts négatifs sur l'environnement tout en maintenant la rentabilité économique. Cette méthode va au-delà des normes de sécurité alimentaire et contribue également à la gestion des risques sanitaires et au bien-être animal.
Le concept émerge toutefois dès les années 1960. Il prend de l'ampleur dans les années 1970 avec l'avènement de pratiques plus écologiques. En 1977, la publication "Vers la production agricole intégrée, par la lutte intégrée" d'Ovronnaz marque un tournant. L'approche se consolide dans les années 1980 et s'épanouit dans les années 1990 grâce à l'influence de l'association FARRE et des groupes tels que l'association alsacienne Tyflo (1997) et Terra Vitis pour le Beaujolais (1998).
En ce qui concerne les vins conventionnels, vous êtes tou·tes familiers avec la manière de les classer. Il s’agit ni plus ni moins que les systèmes d’appellations existants dans chaque pays, généralement sous la forme suivante :
Avec le développement des catalogues, des magazines thématiques, des salons des vins puis du commerce en ligne, sont également apparues les médailles et autres méthodes marketing pour sortir du lot.
Du côté des vins raisonnés, il existe à ce jour 2 labels principaux :
Certains y voient une sorte de « greenwashing », mais c’est souvent le premier pas des vignerons vers des pratiques plus durables, voire vers l’agriculture biologique.
La production d’un vin en viticulture conventionnelle suit généralement un cahier des charges, encadré par les institutions d’un pays. Celui-ci précise la marche à suivre par le vigneron pour élaborer son vin : culture, vendanges, vinification (près de 80 produits autorisés), élevage, conditionnement…
Ce cahier des charges peut s’avérer très contraignant dans le cas des appellations d’origine. En raison des changements climatiques, il devient même parfois difficile de respecter les critères de ces cahiers, notamment en matière de rendement minimal.
Dans le cas de l’agriculture raisonnée, les viticulteurs, parfois soutenus par des organismes de développement et de financement comme VINIFLHOR en France, travaillent à moins impacter l’environnement. Cela comprend par exemple :
Très souvent, cette évolution vers le raisonné est un engagement personnel de la ou du vigneron·ne, qui entend réduire l’empreinte écologique de son domaine quand cela est possible, tout en restant dans le cadre du cahier des charges d’une appellation en cas de millésime difficile où le recours aux produits de synthèse est nécessaire.
Le goût du vin conventionnel peut varier grandement en fonction du cépage, de la région de production et des techniques de vinification utilisées. Cependant, certains traits caractéristiques se dégagent souvent dans les vins produits de manière conventionnelle.
Ce qui compte, c’est la consistance et la prévisibilité. Le vigneron cherche à offrir une saveur et un profil aromatique constants d'une année sur l'autre, grâce à des techniques standardisées pour une fermentation uniforme. Car une grande partie des consommateurs sont attachés à un goût qu’ils affectionnent, et qu’ils veulent retrouver d’une année sur l’autre.
En viticulture conventionnelle, un soin particulier est apporté à l'équilibre entre l'acidité, le sucre, les tanins et l'alcool, afin de produire des vins agréables et accessibles au plus grand nombre.
Comment trouver un bon vin parmi la multitude de références disponibles dans les magasins et en ligne? L’approche cépage est pour moi la plus intéressante lorsque l’on se lance dans la dégustation du vin. Il s’agit d’un bon élément de comparaison, plus simple à appréhender que les appellations. Il est ensuite possible de comparer un même cépage issu de régions ou pays différents, afin de découvrir tous les profils existants de la variété.
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